A défaut de pouvoir voyager en cette fin d’hiver breton, il m’a été proposé d’apporter un peu de chaleur à cet hiver rythmé par les vagues de ce virus qui a décidé de ne pas nous lâcher !
Bali, 22 Mars 2017
Bali, 22 Mars 2017, c’est là que mon aventure de 4 ans sous les tropiques démarre. La plongée sous-marine ? Vu dans les reportages, entendu parlé au sein mes groupes d’amis mais ça s’arrête là. Je commence mon périple Indonésien à la recherche de nouvelles vagues à surfer, de rencontres avec les habitants locaux, en apprenant la langue locale « Bahasa Indonesia », et en me baladant à travers les rizières toutes plus flamboyantes les unes que les autres.
C’est en 2018, au cours de la visite de ma sœur en Indonésie, que nous nous sommes toutes deux initiées à la plongée sous-marine. Le cadre était fantastique, une petite école de plongée située au pied du volcan Agung, au nord Est de l’île des dieux. Dès nos premières minutes sous l’eau, c’est un monde nouveau qui s’offre à moi. Je suis de nouveaux une petite fille émerveillée devant La Petite Sirène ; mais cette fois-ci dans une vie d’adulte et respirant à travers un régulateur, de l’air comprimé, stocké dans une bouteille accrochée sur mon dos. Depuis ce jour, passer du temps sous la surface est devenu une obsession, dont j’ai fait mon métier afin de partager avec un plus grand nombre de personnes la beauté des fonds sous-marins Indonésiens.
Adelaar, une goélette de plus de 120 ans !
Le bateau de croisière pour lequel je travaille, Adelaar, amène des passionnés de plongée et des enthousiastes de la mer sur des sites de renommée mondiale, éparpillés tout au long de la Ceinture de Feu.
La Ceinture de Feu du Pacifique, est aussi appelée aussi ceinture « circum-pacifique » dans les livres de géographie. C’est une expression employée pour désigner l’alignement de volcans qui borde l’océan Pacifique sur la majorité de son pourtour, soit environ 40,000km. En Indonésie cette ceinture s’étend de la pointe Ouest de l’île de Java, en passant par Bali, Sumbawa, Flores, la mer de Banda et jusqu’en Papua Nouvelle Guinée. C’est aussi sur cet axe que l’on retrouve une partie du Triangle de Corail, la région qui offre la plus grande diversité sous-marine au monde.
Le triangle de corail
Cette zone ne représente en superficie que 1% de la surface planétaire, pourtant elle abrite :
– 30% de la totalité des récifs coralliens mondiaux
– 76% des espèces de coraux qui construisent les récifs
– Plus de 35% des espèces de poissons récifaux
– Des frayères d’importances mondiale (principale zone du monde) pour la reproduction des thons
– Un lieu de reproduction des baleines bleues et cachalots remontant du Continent Antarctique
Qui dit grande diversité des fonds sous-marins, dit beaucoup de nutriments pour subvenir aux besoins des espèces vivant dans les récifs coralliens. Et qui dit beaucoup de nutriments, dit courants forts et puissants ! Une grande particularité de la plongée en Indonésie sont ses courants, tout aussi nécessaires à la biodiversité que dangereux. Le Parc National de Komodo (classé Patrimoine Mondial de l’UNESCO) en est un bon exemple. Cet endroit reste dans ma mémoire l’un de plus beaux endroits sur terre, à la fois sous l’eau et en surface, avec des paysages à couper le souffle. Le Parc abrite non seulement les fameux « dragons de Komodo », mais aussi 6 des 7 espèces de tortues de mer ainsi qu’une densité de poissons de récif impressionnante.
La vie sous-marine de Komodo
Parmi les espèces « star » que j’ai rencontré au fil de ma centaine de plongées dans les eaux Indonésiennes, les requins et les raies Manta sont des animaux qui ont particulièrement retenu mon attention.
Les requins de récif à pointe noire ou blanche peuplent les fonds sous-marins et chaque rencontre avec eux est tout aussi surprenante qu’intrigante. Ils ont cette faculté de passer tout près de vous sans même vous regarder, comme si vous ne faisiez partie que du décor. J’ai aussi eu la chance d’observer un requin renard, un requin guitare, des requins léopards et aussi ce requin bizarroïde du nom de « Wobbegong » ou requin tapis. Un requin baleine juvénile a aussi fait son apparition tandis que mes yeux étaient rivés sur un tout petit nudibranche. Les rayons du soleil à travers l’eau cristalline ont temporairement été interrompus par ce gros bébé d’environ 4 ou 5 mètres de long passant lentement au-dessus de moi.
Les raies Manta, qu’elles soient de récif ou océaniques semblent tout droit sorties d’un film de science-fiction. On les observe souvent sur des « stations de lavage », des endroits choisis par les géantes pour se débarrasser de leurs parasites. Les labres y trouvent aussi leur compte car ils picorent leur nourriture plus facilement sur leurs ailes. Les raies Manta sont des êtres curieux, particulièrement intelligents avec qui il est possible d’interagir. Mon meilleur souvenir près d’elles remontent à il y a environ un an, lors de ma dernière plongée sur le site de Mawan. L’Indonésie était en train de se confiner, et le Parc National de Komodo était désert. Nous avons eu la chance de plonger dans un environnement calme ; il n’a fallu que quelques minutes, le temps de descendre jusqu’à 20 mètres de profondeur, pour apercevoir les danseuses se rapprocher de nous et jouer avec les fines bulles qui s’échappaient de nos régulateurs. J’étais comme envoutée, hypnotisée par leur grandeur, leur délicatesse, leur fragilité…
Bien que le tourisme de la plongée se développe rapidement en Indonésie, les plongeurs sont d’une manière générale des passionnés de l’océan avant tout. Ils prêtent une attention particulière à la protection de ce patrimoine essentiel à l’équilibre de notre écosystème.
J’invite tous les individus qui partagent notre passion de la mer : pêcheurs amateurs, navigateurs, plaisanciers et autres professionnels du littoral, à s’initier à la plongée sous-marine. Jettez un oeil sous la surface de nos océans : une expérience essentielle à la compréhension du monde.
Mathilde Ricaud, abassadrice d’Adelaar et défenseuse des océans