Imaginez – un jour, bientôt – un matin parfait à bord d’Adelaar et tes premières plongées après la pandémie.
Le soleil se lève sur la mer
Ann ouvre un oeil, le referme, inspire et sourit, appuie sa tête contre son oreiller douillet. Non elle ne rêve pas. Oui elle est à bord du superbe Adelaar et c’est son premier jour de plongée depuis plus de 21 mois. Maintenant, les deux yeux grand-ouverts, elle hume la bonne odeur du bois bien astiqué et si soigneusement dessiné, de sa confortable cabine. Doucement balancée par les flots toute la nuit, elle a dormi à poings fermés.
Il fait toujours noir dehors. En sortant sur le pont principal, Ann croise l’intendant d’Adelaar, son sourire la réchauffe comme un rayon de soleil avant le lever du jour. Il va lui préparer un café au lait comme il sait déjà qu’elle le préfère pendant qu’elle trouve un endroit confortable pour regarder le lever de soleil.
Le bateau est à l’ancre dans une baie abritée. Une légère brise caresse le visage d’Ann. Aucun moteur, ni compresseur ne fonctionne. Aucun autre bateau aux alentours. Seuls d’invisibles oiseaux racontent les histoires du petit matin, affirmant ainsi leur territoire sur les arbres de l’île avoisinante. Ann commence à apercevoir la sombre et délicate ligne de la dentelle des collines. Les étoiles s’apprêtent à disparaître dans la lumière du jour.
Un moment plus tard, le soleil est maintenant quelques degrés au-dessus de l’horizon. Sa chaleur est réconfortante comme un baiser longuement attendu. Une assiette de fruits coupés apparaît comme par magie en face d’Ann. Elle lui apporte l’énergie dont elle a besoin pour la première plongée de la croisière. Ses amis l’ont rejointe sur le pont, tous emballés par les promesses du briefing de la directrice de croisière du soir précédent. Aujourd’hui, ils vont voir des requins, de grands bancs de poissons et peut-être des raies Manta. Leur dernière plongée remonte à si longtemps que toute rencontre avec le plus petit des poissons les remplira de bonheur de toute façon.
La première plongée sera tranquille dans la baie la plus proche. Tous les passagers doivent se remettre gentiment à l’eau. Il se familiarise avec leur nouvel équipement ou rafraichissent leurs gestes de plongeurs quelque peu empoussiérés. C’est l’heure pour les guides de plongée de s’éloigner avec l’annexe pour vérifier les conditions du site ce matin. Une fois qu’ils sont de retour, la directrice de croisière fait aux plongeurs un rapport détaillé : bonne visibilité, température idéale, courant léger et un banc de fusillers aperçu au point d’entrée. Une carte fraichement dessinée sur le tableau blanc présente le plan : nous allons plonger où le courant circule un peu, observer les poissons qui passent par là pour un moment et puis suivre le récif à main droite en nageant doucement en direction de l’intérieur de la baie.
Première plongée
C’est l’heure de s’équiper avec l’aide efficace et aimable de l’équipage de pointe d’Adelaar. Bonne musique sur le pont. Tout le monde arbore un sourire contagieux sur son visage. Les vacanciers et l’équipage, tout le monde est heureux de se trouver à nouveau sur l’eau.
Une courte distance en annexe amène Ann et ses amis au point d’entrée. On met les masques, le détendeur en bouche. Trois, deux, un, et voilà : Cette sensation inégalable de l’eau chaude tropical sur sa peau. De retour dans le bleu ! Libérés de la gravité ! Juste ça suffit à se sentir mieux qu’à n’importe quel moment de ces deux dernières années. Un banc de platax et quelques vivaneaux jaunes accueillent les plongeurs dans l’ocean, peu surpris de nous revoir. Un requin de récit à pointe noire fait une double boucle par curiosité avant de rejoindre un territoire plus profond.
De belles têtes de corail couverte de corail dur en bonne santé et de gorgones sont ça et là réparties sur une pente de sable blanc habitée par les fameusement timides anguilles jardinières. Le contraste entre l’eau bleue transparente et le sable clair donne l’intense sensation d’être dans un aquarium. La plongée n’est pas profonde mais les têtes sont ivres de bonheur. Le jardin de corail dans la partie peu profonde est ahurissant. Des tables d’acropora, des champs de Corail corne de cerf, des patates de coraux durs de tout types sont là, servant de refuges et de garde-manger à toutes sortes de crustacés et de poissons de récifs colorés. Une tortue nous salue en décollant vers la surface. Le temps file à la vitesse de la lumière, 50 bars et nos explorateurs en sont déjà à faire leur stop de sécurité dans ces eaux parfaites.
Les deux membres d’équipage de l’annexe ont suivi à distance Ann et ses binômes depuis la surface. Prêts à les récupérer et les ramener au bateau, où le grand petit-déjeuner les attend. On se rince rapidement à l’eau claire, quelques minutes pour sécher au soleil, peut-être bronzer un peu et il est temps de reprendre des forces pour la plongée suivante.
Un petit-déjeuner de roi
Un petit-déjeuner à la carte offre tout ce dont on peut rêver : crêpes, gauffres, riz frit, nouilles, fruits, noix, muesli, yogurt fait-maison, toute sorte d’œufs, du lard et des légumes, tout est possible pour la suberbe équipe de la cambuse d’Adelaar. Nommez-le, ils le réalisent ! Nos plongeurs profitent de leur repas sous la voile de soleil, embrassant leur nouvelle vie les pieds nus et le cœur léger.
Après une courte sieste digestive, l’annexe repart vérifier le courant sur le meilleur site de la zone. Le planning a été conçu avec grand soin en suivant les marées. Dans 30 minutes les conditions devraient être parfaite pour sauter sur ce sec. Ce sera la fin de la marée descendante ce qui signifie ici une visibilité infinie et quand même encore suffisament de courant pour une super, parfois spectaculaire, abondance de poissons. Juste après, ce sera l’étale, où tous les poissons et les requins se déplacent de l’autre coté du site, du nord au sud, avant que la marée montante ne prenne le relai. Si vous arrivez à saisir cet instant précis, c’est impressionnant comme il est réglé comme une pendule.
Pas besoin de réveiller qui que ce soit pour le briefing. Toutes les âmes sont sur le pont prêtes dans leur combi, camera et GoPro en main, avide de se mettre à nouveau à l’eau. Le briefing est clair, concis et plein d’espoir des rencontres les plus incroyables.
Deuxième plongée
Un par un, chacun embarque sur l’annexe. Les caméras sont délicatement déposées dans une boîte, recouvertes d’une serviette humide pour les protéger du soleil. Cinq minutes de trajet, il est temps de s’équiper rapidement avant que le guide ne donne le signal et que tout le monde se mette à l’eau.
Une courte descente permet aux plongeurs d’atteindre la zone de séparation du courant à l’endroit parfait exactement où vous voulez commencer la plongée. Une dizaine de requins à pointe blanche partagent leur territoire de chasse avec quelques requins gris de récifs, des napoléons, des carangues géantes, des mérous, des barracudas, des thons à dents de chien, des maquereaux espagnols, dépassant toutes les attentes, tout le monde est là… et en nombre. Les carangues aux grands yeux planent d’un côté, tandis que de l’autre, leurs cousins géants et solitaires ciblent des attaques dans le massif banc de fusiliers à lignes bleues provoquant ce bruit explosif toujours surprenant d’un banc de poissons qui accélère subitement dans la direction opposée. Personne ne sait où regarder. Partout il y a du poisson. Partout, de la couleur et du mouvement.
Nos plongeurs se sentent invisibles dans cette mégapole sous-marine. Ann sort son appareil photo pour capturer la chorégraphie entropique des fusiliers, le piétinement impatient des requins, les regards curieux de certains gros vivaneaux noirs. Une minute plus tard, voilà qu’une énorme raie aigle apparaît à côté d’un binôme. Fidèle maîtresse du site, elle nous survole tous, nous salue avec une danse lente et routinière, nous regarde avec insistance. Alors le courant ralentit. C’est l’étale. La migration s’organise sur le récif. Tout d’abord, les chirurgiens gris foncé et bleu clair remontent le long du récif. Ensuite, les platax se rassemblent et dérivent doucement sous le vent.
Nous suivons le courant en remontant la pente pour conserver suffisamment de temps avec un banc de papillons. Les coraux fouets et les patates contrastent avec les lignes droites de la topographie côté sud du site. Un plateau orné de tables de corail et d’éponges abrite quelques bébés requins. Pas de une minute à perdre alors que nous tombons sur un couple de poulpes timides. Proche de la surface, le courant reprend, en même temps que la marée montante. Pour notre stop à 5 mètres, nous devons trouver un abri derrière les rochers, tout en haut du sec. Dernière chance d’apercevoir les foules sous-marines qui nous ont trop manquées. Les ordinateurs sont prêts pour la remontée, on décolle tous en même temps, en suivant le parachute du guide, on souffle les dernières bulles de cette fantastique matinée.
Des têtes percent la surface, les yeux brillent et des cris d’extase se font entendre jusque sur Adelaar.
Lorine, technicienne de rêve sous-marin